Non Madame la Rapporteure des Nations-Unies
La fermeture des établissements
ne doit pas être un dogme ! *
Le Groupe Polyhandicap France réagit aux déclarations de Madame Catalina DEVANDAS-AGUILAR sur les droits des personnes handicapées, formulés à l’occasion de sa visite du 3 au 13 octobre 2017. La fermeture totale des établissements préconisée témoigne d’une méconnaissance complète de la situation de polyhandicap.
Pour de nombreuses personnes handicapées, la sortie des établissements est une revendication légitime à laquelle il faut répondre, si elles le souhaitent.
S’agissant des personnes polyhandicapées, recueillir leur choix est une difficulté majeure qui nécessite de tenir compte de l’avis des familles ou de la « personne de confiance ».
Plus que d’autres, les personnes affectées par un polyhandicap ont besoin du recours à des techniques spécialisées, pour leur suivi médical, pour l’apprentissage des moyens de relation et de communication, pour le développement de leurs capacités d’éveil sensori-moteur et intellectuelles. Plus que d’autres, elles ont besoin de sécurité mais surtout d’une protection
rapprochée là où le polyhandicap lui-même peut les mettre en danger. Plus que d’autres, elles ont besoin de repères solides. Plus que d’autres, elles ont besoin du regard conjoint des familles et des professionnels.
Comme les autres, elles ont besoin de respect et d’amour.
L’institution n’est pas un enfermement et ne doit pas l’être. La Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées doit amener notre Gouvernement à donner les moyens financiers pour que les institutions, établissements et services, remplissent leurs missions : privilégier, pour chaque personne handicapée, ses aspirations, ses spécificités, ses capacités
et ce, dans le respect de ses besoins et non pas en fonction d’un modèle unique.
Il en est de l’établissement comme du domicile. On doit pouvoir y entrer et en sortir, se mêler à la vie de la cité, accueillir des personnes de l’extérieur, être protégé de toute solitude et de tout abandon. L’établissement doit être ressource quand la fatigue des proches et des aidants se ressent, voire quand ils sont absents ou disparus.
Ne fermons pas nos établissements, transformons les. Un établissement qui ferme arbitrairement, c’est un savoir expérientiel qui meurt. C’est une perte de chances pour les personnes polyhandicapées comme pour la société. Les établissements ne s’opposent pas à l’inclusion, ils y participent pleinement.
Paris, le 25 octobre 2017